Les grandes villes canadiennes ont besoin d’une voie à suivre pour la reprise des voyages d’affaires

Lettre publiée dans le Globe and Mail, cosignée par Michel Leblanc, président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, Bridgitte Anderson, présidente et cheffe de la direction de la Chambre de commerce du Grand Vancouver, et Jan De Silva, présidente et cheffe de la direction de la Chambre de commerce de la région de Toronto.

Le gouvernement devrait encourager les personnes qui planifient des voyages à réserver ceux-ci au Canada plutôt que de dépenser leur argent à l'étranger. Le Canada est en voie d'atteindre l'un des meilleurs taux de vaccination contre la COVID-19 au monde. C'est une bonne nouvelle. À l'approche d'un retour à la normale, alors que les deuxièmes doses commencent à être administrées, il est essentiel de rétablir la vigueur de notre économie.

En réalité, la relance de l'économie canadienne – ou même un semblant de relance – est impossible sans la reprise des voyages d'affaires. Les récentes améliorations, dont l'ouverture des terrasses et l'assouplissement des restrictions relatives aux voyages intérieurs, peuvent donner l'illusion d'une relance touristique. Or, l'économie du tourisme dans les grands centres urbains repose en grande partie sur les voyages d'affaires, dans le cadre desquels ont notamment lieu des événements d'envergure ainsi que des congrès et des colloques importants.

Par exemple, Toronto a accueilli 28 millions de visiteurs en 2019. L'absence de touristes a coûté 8,35 milliards de dollars à l'économie locale en 2020. De même, l'arrêt du tourisme s'est traduit par une perte de 9,8 milliards de dollars pour Vancouver et de 4,3 milliards de dollars pour Montréal. Cet argent peut aussi bien être dépensé ailleurs.

Il est primordial que nous soyons en phase avec ce qui se passe à l'échelle mondiale. Cela va au-delà des modalités de réouverture de la frontière avec les États-Unis. Il s'agit d'établir les conditions de la reprise sécuritaire des voyages d'affaires internationaux afin de favoriser les échanges commerciaux, les investissements et l'attraction de talents.

La préparation à la reprise sécuritaire de tels déplacements dans les grandes villes du monde entier progresse. Au cours des dernières semaines, l'Organisation pour la coopération et le développement économiques et l'Organisation mondiale de la santé ont lancé des initiatives visant à promouvoir la sécurité des voyageurs et la création de certificats de vaccination intelligents. Selon ce que nous savons, une quarantaine de cartes d'identité de santé numériques ou de certificats d'immunisation sont en cours d'élaboration. Dans les grands marchés, les gouvernements préparent également des bulles de déplacement qui permettront des déplacements moins restrictifs dans certains contextes.

Le Canada doit établir un plan clair de réouverture pour que les planificateurs au sein des entreprises puissent recommencer à réserver des voyages au pays. La clarté des protocoles – par exemple au sujet des attestations vaccinales, de la documentation requise, des tests rapides, de la réduction de la ventilation et des corridors aériens sécuritaires – est essentielle pour avoir une idée du moment où les frontières rouvriront. Nous devons indiquer concrètement les conditions à remplir pour la reprise des grandes réunions, en inspirant confiance quant aux moyens pris pour y parvenir. L'interopérabilité, c'est-à-dire les règles et les normes entre les pays afin que les gens puissent établir les liens nécessaires, constitue la clé. Et le Canada doit en faire partie.

Notre pays est en voie d'atteindre les taux de vaccination parmi les plus élevés dans le monde industrialisé. Il est donc temps de rassurer la population et de réorienter la conversation en mettant l'accent sur les mesures de sécurité mises en place pour accueillir à nouveau les visiteurs internationaux, plutôt que sur les dangers liés à ces derniers.

Personne ne dit de rouvrir nos frontières de façon irresponsable ou d'assouplir les restrictions trop tôt. Toutefois, sans un plan clair sur les protocoles et les mesures de sécurité qui seront appliqués – les conditions qui, une fois remplies, permettront d'accueillir des visiteurs –, la relance de l'économie canadienne demeure trop incertaine au moment où la pandémie régresse. C'est d'ailleurs précisément cette incertitude qui pourrait empêcher l'injection de milliards de dollars dans notre économie.

Ce qui est encore pire est que le temps presse. Chaque mois de report de la réouverture représente une perte combinée de 2,24 milliards de dollars pour nos trois plus grandes villes.

Après avoir perdu presque tous les grands événements en 2020, la quasi-totalité des événements prévus à Toronto, Montréal et Vancouver en 2021 ont été annulés, et des événements prévus en 2022 commencent également à être annulés. Ces pertes économiques se font sentir partout au pays, et pas seulement dans ces villes qui servent de portes d'entrée.

Les grandes réunions et les congrès importants sont planifiés des années d'avance. Après la pandémie de SRAS en 2003, la ville de Toronto a perdu des réunions en 2007 et 2008, car ces événements étaient réservés en 2003, lorsque Toronto était boudée par tout le monde. Pour éviter qu'une telle situation se reproduise, nous devons immédiatement signaler que les plus grandes villes canadiennes ont mis en place des plans pour accueillir en toute sécurité des événements d'envergure internationale.

Le Canada ne peut se permettre de faire figure d'exception sur cette question. Nous ressentirons les effets négatifs de la pandémie pendant des années si le reste du monde va de l'avant sans nous.

Nous sommes des champions de la vaccination. Ne perdons pas l'économie du tourisme.

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