Les mesures prises par le gouvernement fédéral dans le contexte de la pandémie comprennent deux volets, a expliqué la ministre des Finances, Chrystia Freeland, l'an dernier. Dans l'immédiat, il s'agit de prolonger les subventions et les mesures de soutien au revenu des personnes subissant les contrecoups des restrictions sanitaires. Ensuite, au printemps, un plan pluriannuel de stimulation de l'infrastructure sera mis en œuvre, lequel contribuera à la création d'emplois, fera croître l'économie, favorisera une relance verte et répondra aux besoins qui existaient avant l'arrivée du virus au Canada.

À l'approche du printemps et du prochain budget, Mme Freeland devra donner suite au deuxième volet de cet engagement, et les projets de transport ferroviaire – pas n'importe lesquels, mais bien des projets qui permettront de faciliter les échanges entre les régions, d'améliorer les chaînes d'approvisionnement et de réduire les émissions – devraient faire partie des priorités de son gouvernement.

Le transport ferroviaire n'est pas un nouveau moteur économique : il est au cœur de l'histoire de notre pays. En 2019, les chemins de fer canadiens ont assuré le transport de près de 88 millions de passagers et de produits d'une valeur de 328 milliards de dollars. Nos trains de marchandises transportent plus de tonnes-kilomètres de biens que l'ensemble de ceux de l'Union européenne.

Les inconvénients du transport ferroviaire ont donc toujours été liés à la capacité. À l'heure actuelle, les trains de marchandises et les trains de passagers se partagent souvent les mêmes voies, ce qui cause des retards et des ralentissements inévitables. Il s'ensuit une augmentation des coûts dans les chaînes d'approvisionnement et une utilisation accrue des camions et des automobiles, qui produisent davantage d'émissions. 

Le secteur est conscient du problème et a mis de l'avant des solutions. Par exemple, en 2016, VIA Rail a d'abord soumis au gouvernement sa proposition de train à grande fréquence – un plan prévoyant la construction d'un nouveau réseau de voies ferrées dédiées aux trains de passagers dans le corridor le plus densément peuplé au Canada, soit Toronto–Ottawa–Montréal–Québec.

Parmi les avantages d'un projet comme celui-ci, mentionnons l'augmentation du nombre de départs quotidiens, la réduction de la durée des trajets, une plus grande fiabilité du service et la création de nouvelles voies reliées à des villes comme Peterborough et Trois-Rivières. Sans entrer en conflit avec les trains de marchandises, VIA serait en mesure d'augmenter la fréquence des trains selon la demande. Le train à grande fréquence assurerait aussi une meilleure liaison entre les communautés actuellement desservies par VIA – comme Kingston et Belleville – et les grands centres urbains. Les personnes cherchant à acquérir une propriété à prix abordable pourraient ainsi accéder facilement à leur lieu de travail et le tourisme intérieur s'en trouverait stimulé.

Il ne s'agit pas uniquement de réduire les temps de déplacement, mais aussi de libérer des voies dans les corridors existants afin de créer un circuit régional efficace entre les fournisseurs, les fabricants et les distributeurs. Ces incitatifs commerciaux régionaux sont d'ailleurs la raison pour laquelle les chambres de commerce de l'Ontario et du Québec sont en faveur du projet. 

Au-delà des effets directs sur notre économie, les investissements dans le transport ferroviaire transformeront la façon dont les Canadiens se déplacent. Chaque train de marchandises remplace environ 300 camions sur nos routes et autoroutes. Un réseau de transport ferroviaire plus efficace offre aussi une solution de rechange viable et durable à l'automobile, ce qui réduira encore davantage la congestion routière et les émissions de GES.

Le gouvernement, qui cherche à investir dans des projets d'infrastructure à grande échelle et des projets d'infrastructures vertes pour stimuler l'économie de l'après-pandémie, devrait d'abord financer les projets déjà en attente. Des projets tels que le train à grande fréquence de VIA dynamiseront notre économie, nous rapprocheront de nos cibles d'émissions et assureront la fluidité de la circulation des personnes et des biens entre les régions.

Jan De Silva est la présidente et cheffe de la direction de la Chambre de commerce du Toronto métropolitain.  

Michel Leblanc est le président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. 


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