Montrer les crocs : les quatre vérités sur la transformation numérique


Passer au numérique n’est plus une option. Il faut évoluer ou mourir. Par contre, effectuer le changement n’est pas une tâche facile; des changements organisationnels importants et complexes doivent être entrepris. Les quatre vérités est une série de tables rondes où les experts de Sid Lee partagent leurs idées sur ce sujet.

Partie 1 : Savoir montrer les crocs

Premier sujet : les entreprises québécoises. Les plus petits joueurs de la province peuvent-ils concurrencer avec les géants du commerce électronique et du marketing numérique ? Nous pensons qu’ils le peuvent, du moment qu’ils ont confiance en leurs idées et qu’ils n’ont pas peur de foncer. Il faut savoir montrer les crocs.

François Lacoursière, chef de la direction marketing et associé principal chez Sid Lee, Christian Quenneville, vice-président du développement des affaires et Vincent Ramsay-Lemelin, directeur principal de la création numérique chez Sid Lee Montréal, ont échangé sur le sujet. Cette session était animée par Brendan Murphy, créateur de contenu sénior, anciennement chez Sid Lee.

Leçon 1 : Passer à l’attaque

Brendan Murphy : Dans un marché mondial dominé par des Goliath comme Amazon, que signifie « montrer les crocs » ?

Christian Quenneville : Ça signifie plonger, surmonter la peur, avoir le courage de ses convictions. Et c’est comme ça que j’élève mes enfants. Quel que soit le conseil qu’ils demandent, ma réponse est : « vas-y, fonce ».

Vincent Ramsay-Lemelin : Je dirais que « la meilleure défense est une bonne attaque ».

François Lacoursière : Les entreprises québécoises ont parfois peur de déranger. Ailleurs en Amérique du Nord et en Europe, les gens ne disent pas « Je n’essaierai pas parce qu’il y a déjà Amazon ». Je parlais récemment de ce sujet avec Martin Gauthier, le président de Sid Lee. Il estime que les entrepreneurs québécois sont parfois nerveux à l’idée de s’épanouir. C’est dommage parce qu’il y a beaucoup de créativité ici.

VRL : Poches et Fils se moque de ce que les gens pensent. L’entreprise a un ton et une attitude cool et livre des t-shirts dans des boîtes à pizza.

Leçon 2 : Demandez-vous ce que vous faites de mieux

BM : Certains pensent que nous nous dirigeons vers un avenir dans lequel seulement quelques grandes entreprises domineront : Amazon, Alphabet, Apple, Facebook. Comment une petite entreprise peut-elle rivaliser avec ça ?

FL : Si vous pensez de cette façon, quelque chose vous échappe complètement. Plutôt que de vous concentrer sur ce que fait Amazon, demandez-vous ce que vous pouvez faire de mieux.

VRL : Nous avons tendance à penser que nous devons avoir les mêmes forces que Amazon : la vitesse, les retours, le système de paiement. Mais leur moteur de recherche a besoin d’amélioration et il y a d’autres faiblesses. Bien sûr, Amazon est la référence pour un certain type de commerce électronique, mais ce n’est pas le cas en ce qui a trait aux produits de luxe, par exemple, pour lesquels le délai de livraison est moins intéressant. Qui aurait cru, il y a 10 ans, que de petits joueurs pouvaient ébranler la popularité de Provigo et de Metro dans le secteur alimentaire ? Personne. Mais le commerce local des Fermes Lufa gagne des parts de marché à Montréal. Les IGA de ce monde y sont attentifs.

Leçon 3 : Pensez au-delà des frontières

BM : Yves-Thomas Dorval, chef de la direction du Conseil du patronat du Québec, a récemment déclaré au Financial Post : « Au Québec, nous avons réussi sur différents plans, mais nous avons encore un problème de prise de risque et de croissance. Nous encourageons les gens qui aiment que les choses restent à un niveau modeste. Et nous décrions les entreprises qui deviennent de plus en plus importantes. » L’article parle également de la plus faible intensité entrepreneuriale du Québec, comparativement à celle de l’Ontario, de la Colombie-Britannique et de l’Alberta. Ça vous semble juste ?

VRL : Au Québec, nous voyons tout de suite les frontières. Nous ne voyons que notre marché.

FL : Nous avons tendance à évaluer le succès à l’échelle provinciale puis, avec de la chance, à l’échelle nationale. Mais dans l’univers du numérique, ces restrictions n’existent pas.

VRL : J’ai entendu des gens dire : « Comment devenir le Amazon du Canada ? ». Pourquoi « le Canada » ? Si je veux vendre un produit, je vais le vendre à tout le monde.

CQ : Avec tous les services qui existent pour la gestion de la distribution, qu’il s’agisse des services gouvernementaux ou du secteur privé, il n’y a aucune raison pour qu’un entrepreneur de Chibougamau ne puisse pas faire de la côte Est américaine son marché principal. Certains entrepreneurs manquent de connaissances, notamment en matière de commerce électronique.

FL : Penser qu’il est plus facile de réussir localement est limitatif. Les collaborateurs de TrackTik développent des logiciels de logistique pour les entreprises de sécurité. Ils sont consultants en logistique, mais cherchent déjà des façons de percer d’autres secteurs. Ils ne se sont jamais limités à la logistique ni aux frontières du Québec.

Leçon 4 : Surveillez la prochaine vague

BM : Quand on évoque les entreprises québécoises qui ont réussi à l’échelle mondiale, la plupart des gens pensent au Cirque du Soleil. Y a-t-il un autre joueur de la taille du Cirque au Québec ?

FL : Ça vient par vagues. Le Québec a eu Bombardier et l’aéronautique, puis on a traversé une phase d’émergence d’entreprises, comme le Cirque, nées dans un écosystème créatif. Et les entreprises nées dans le même écosystème s’aident mutuellement : Solotech s’occupe du son pour le Cirque depuis 25 ans. Leurs affaires sont intrinsèquement liées à la croissance du Cirque. Aujourd’hui, le B2B fait fureur.

CQ : Au cours de la dernière décennie, les entreprises technologiques B2B ont connu un grand succès, tout comme Taleo, le service de gestion de talents le plus populaire au monde. C’est une entreprise fondée au Québec qui a été vendue à 1,9 milliard en 2012.

VRL : Vous avez également des startups comme Breather, qui vient d’amasser 60 millions de dollars. Ou Shopify, une entreprise canadienne qui joue dans les ligues majeures du commerce électronique.

FL : Qu’est-ce qui s’en vient ? L’intelligence artificielle ?

CQ : Il y a de gros joueurs comme Ivado et Element AI, ainsi que des instituts comme le MILA et de plus en plus de bourses de recherche. Nous formons la prochaine génération à créer des logiciels rentables, et c’est comme ça que cet écosystème continuera de croître. L’avenir semble prometteur.

Leçon 5 : Mais n’écartez pas le passé

VRL : Un bon exemple est le courrier et le commerce électronique. Il y a cinq ans, on pensait que l’époque du courrier postal était terminée, que plus personne ne s’en servirait pour ses envois. Aujourd’hui, tout le monde reçoit des colis. Parfois, il suffit d’un nouveau contexte pour renverser les choses. Kanuk et Quartz redonnent toutes les deux vie à leur marque avec d’anciens looks.

BM : Et les podcasts. Personne ne pouvait prédire que les podcasts, qui ne sont essentiellement que des émissions de radio que l’on peut écouter n’importe quand, deviendraient le truc le plus populaire en ce moment. Mais à cause de la technologie et de la manière dont le modèle de distribution a évolué, soudainement, ça revient.

VRL : On n’aurait jamais pensé que les pantalons taille haute seraient de retour, mais ils le sont.

CQ : Vincent, tu en portes peut-être, mais ils ne reviennent pas vraiment.

Nous avons piqué votre curiosité ? C’est une bonne chose : nos prochains articles vous aideront à réussir votre transformation numérique.

Les opinions exprimées dans ce billet sont celles de leurs auteurs et ne représentent pas nécessairement celles de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. En conséquence, la Chambre ne peut en aucun cas être tenue responsable du contenu publié.

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