Appelez-moi "Start-Up Nation"

Israël se définit comme la « Start-Up Nation ». Avec une start-up pour 2 000 habitants, on comprend qu’il y a là un écosystème propice à une telle éclosion, reposant sur l’innovation, la culture entrepreneuriale et la forte présence d’incubateurs.

L’entrepreneuriat dans le domaine technologique a le vent dans les voiles, comme le souligne le groupe Compass dans son aperçu de The 2015 Global Startup Ecosystem. Selon l’étude, le contexte mondial n’a jamais été si favorable à ce secteur d’entrepreneuriat, du fait d’un éventail d’outils, de ressources et d’informations sur les marchés visés, mis à la disposition des entrepreneurs.

Ce même rapport était porteur de bonnes nouvelles : Montréal faisait son entrée au palmarès des 20 meilleurs écosystèmes de start-ups dans le monde… 15 places derrière Tel-Aviv, classée, quant à elle, au 5e rang. Première ville à se distinguer, hors États-Unis, elle arrive ainsi juste après la Silicon Valley, New York, Boston et Los Angeles. Tel-Aviv, mais plus encore, Israël, sont donc à juste titre sources d’inspiration pour notre métropole et nos entrepreneurs.

Quelles sont les caractéristiques de l’écosystème entrepreneurial israélien, pays qui revendique fièrement son titre de « Start-Up Nation »?

L’innovation, poussée par les politiques publiques

Comme le mentionne l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), « l’innovation est un moteur majeur de productivité, de croissance économique et de développement1 ». Une observation qui s’applique particulièrement bien à notre étude de cas.

En effet, l’innovation est inscrite dans l’ADN d’Israël depuis sa fondation. Nécessaire pour pallier les contraintes géographiques et géopolitiques du pays, elle est devenue, dans les années 1990, un levier de reprise économique à la suite de la « décennie perdue2 ». L’État israélien se positionne alors stratégiquement dans le domaine des hautes technologies.

Résultat? Actuellement, le pays investit 4,3 % de son PIB en recherche et développement, le taux le plus élevé parmi les membres de l’OCDE. Les technologies de pointe représentent les trois quarts de sa production. Parmi les innovations – qui sont certes stimulées par les programmes gouvernementaux, mais ne sont pas l’apanage de ceux-ci –, notons le prototype de la clé USB, dont le brevet a été déposé en 1999, ou encore la messagerie instantanée, concept créé par une start-up d’étudiants, Mirabilis, qui sera rachetée plus tard par le groupe AOL.

Il n’est pas étonnant, dans ce contexte, que certaines grandes entreprises internationales aient implanté leur centre de recherche et développement en Israël pour tirer parti de cette expertise technologique. Parmi elles : Apple, Microsoft, Motorola et Google. L’ancien directeur exécutif de ce dernier, Eric Schmidt, place le secteur high-tech israélien comme second carrefour d’innovation après la Silicon Valley3. Après la Silicon Valley, la Silicon Wadi4 (Vallée hébraïque)?

La culture de l’entrepreneuriat

De cette soif de l’innovation découle une effervescence entrepreneuriale. Dans ce petit pays de 22 000 km², peuplé de plus de huit millions d’habitants, on compte une start-up pour 2 000 habitants – un ratio inégalé dans le monde. Ici, l’entrepreneuriat est plus qu’une statistique : c’est un état d’esprit, né de la difficulté de construire un pays à partir de rien.

Selon Saul Singer, coauteur de l’ouvrage Start-Up Nation, The Story of Israel's Economic Miracle (2009), le service militaire est un creuset de l’entrepreneuriat et un élément clé de la réussite économique du pays. Obligatoire pour tous, d’une durée de trois ans pour les hommes et de deux pour les femmes, le service militaire permet aux jeunes d’apprendre « en termes de leadership et d'improvisation » d’après Saul Singer5, soulignant qu’« ils savent comment arriver à leurs fins, par n'importe quel moyen6 ». L’exigence de l’armée et la mise en contact avec des technologies de pointe donnent aux jeunes Israéliens une maturité et une première expérience du monde du travail quand, bien souvent, ils n’ont pas même commencé leurs études supérieures.

Enfin, au sein des universités israéliennes sont implantées des sociétés de transfert de technologies intégrées dont le but est d’aider les étudiants et les chercheurs à valoriser leurs travaux et leurs produits. C’est le premier contact de ces entrepreneurs en herbe avec le monde des incubateurs.

Les incubateurs, la pierre angulaire des start-ups

Être accompagné dans la réalisation d’un projet novateur offre bien plus de chances de réussite que d’être livré à soi-même. Israël est particulièrement au fait de cette réalité : on compte plus de 250 incubateurs répartis dans le pays.

L’État lui-même a lancé l’impulsion avec son Technological Incubators Program, qui existe depuis les années 1990. La mission de ce programme est de transformer des idées technologiques innovantes, jugées risquées et trop peu avancées pour être financées, en start-ups viables, qui intéresseront les investisseurs et pourront exploiter leurs idées par elles-mêmes.

Exemple d’incubateur à Tel-Aviv : The Hive by Gvahim, qui figure dans le top 20 des incubateurs du Moyen-Orient. Ce programme de cinq mois offre aux entrepreneurs et aux immigrants la mise à disposition d’un bureau dans un espace de travail partagé, du mentorat et des outils pour créer et développer leur start-up en Israël. En 2014, la Chambre de commerce France-Israël relevait que « la plupart [des start-ups de ce programme] ont lancé leur produit, recruté une équipe, créé des partenariats, développé de nouveaux marchés ». Même si on regrettera que le terme de « plupart » ne soit pas plus précis, on comprend l’importance de ces accélérateurs d’entreprise.

Des géants mondiaux, installés en Israël, développent aussi leurs propres incubateurs, à l’image de Samsung, dans le domaine des télécoms, de la sécurité et de l’informatique, et d’Intel, dans le secteur des technologies sans fil.

Perspectives

Les start-ups bénéficient donc d’un écosystème favorable à leur éclosion. Les procédures administratives sont rapides (moins d’un mois pour s’enregistrer auprès des autorités), l’innovation et l’entrepreneuriat sont au cœur de la culture israélienne… Qu’est-ce qui empêcherait ce jeune État de devenir la prochaine Silicon Valley? Peut-être la spécialisation du pays en haute technologie. Car pour développer des produits innovants, il faut des ingénieurs. Et ceux-là commenceraient à manquer…

La « Start-Up Nation » vous intéresse?

Occasion d’affaires en Israël
Sources :

Start-Up Nation : quand Israël mise sur l’innovation, France 24, septembre 2015, http://www.france24.com/fr/20150911-telaviv-startup-nation-naztech-israel-macron-frenchtech-apple-keynote-qrokee
Campus Israël : voyage au pays des start-ups, Revue Gestion HEC Montréal, 21 juillet 2016, http://www.revuegestion.ca/entreprendre/campus-israel-voyage-au-pays-des-start-ups/
©siliconwadi.fr : siliconwadi.fr/20844/les-universites-israeliennes-produisent-des-entrepreneurs
http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/IMG/pdf/ISRAEL_fiche_Curie_3_novembre__cle0d2dc2.pdf
http://www.courrierinternational.com/revue-de-presse/israel-encore-loin-derriere-la-silicon-valley


1 http://observateurocde.org/news/printpage.php/aid/2928/Au_pays_des_start-ups.html

2 La décennie perdue a suivi la guerre de Kippour de 1973. Hyperinflation. Augmentation de la dette publique…

3 http://www.leparisien.fr/high-tech/israel-juste-derriere-la-silicon-valley-pour-l-innovation-14-06-2016-5886813.php#

4 Appellation issue de la citation de Daniel Senor et Saul Singer, auteurs du livre « Start-Up Nation, The Story of Israel's Economic Miracle » (2009).

5 Extrait de l’article http://www.lapresse.ca/international/moyen-orient/201106/26/01-4412645-israel-le-service-militaire-prepare-les-futurs-ingenieurs.php

6 Idem.

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