Texte d'opinion : Sept champs d'action pour la région de Montréal

Sept champs d'action pour la région de Montréal

Publié dans The Gazette le 2 juin 2002

Le 31 mai 2002

Benoit Labonté, président
Chambre de
commerce du Montréal métropolitain

Nul ne peut s'intéresser aux enjeux du développement d'une métropole sans reconnaître, d'emblée, la profonde complexité d'un tel sujet. En fait, la complexité est une caractéristique fondamentale d'une grande ville qui souvent se trouve à la base de son dynamisme et de son attrait : pensons à l'importance d'une économie diversifiée ou à l'intérêt d'une scène culturelle variée. Loin de la déplorer, il faut apprivoiser cette complexité et savoir s'en servir.


C'était là l'un des objectifs du symposium Montréal 2017 organisé récemment par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain : réfléchir aux défis qui attendent Montréal, d'ici les 15 prochaines années, selon une perspective suffisamment large et diversifiée pour refléter la complexité métropolitaine.


Cette approche nous amène aujourd'hui à présenter les conclusions préliminaires de ce symposium. Il y a d'abord été mis en évidence que la réussite des agglomérations urbaines résulte de la conjugaison simultanée de nombreux facteurs. Ainsi, loin d'identifier une recette miracle, le symposium nous a mené vers la formulation d'un appel à l'action pour sept champs en particulier qui, dans leur interaction et leurs complémentarités, seront au cœur des succès du Montréal des quinze prochaines années. La Chambre a d'ailleurs pris l'engagement de développer, pour chacun de ces champs, un indicateur de performance qu'elle suivra dans le cadre d'une revue annuelle.  


La notion de complémentarité est particulièrement importante et caractérise l'esprit avec lequel nous nous retrouvons à une même tribune. En plus de partager un vif désir d'assister à la réussite de Montréal, nous sommes conscients qu'elle dépend largement de notre capacité collective à oeuvrer ensemble dans la même direction.


Mobilisation et leadership métropolitains


Montréal est une ville-région. Ce fut l'un des constats les plus tranchés du symposium. Paradoxalement, la région commence à peine à avoir, avec les nouvelles villes de Montréal et de Longueuil et la création de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), des arrangements politiques, économiques et administratifs qui reflètent cet état de fait. La région de Montréal n'a pas encore pleinement intégré l'habitude de voir le Montréal métropolitain comme un tout plus important que la somme de ses parties; un tout dont le centre des affaires définit l'identité culturelle et la personnalité internationale; un tout dynamisé par l'apport économique de ce centre et par l'appui soutenu des autres pôles d'emplois de la région. Dans cette optique, la ville-région de Montréal a besoin d'un leadership métropolitain mobilisant. Un leadership qui saura susciter l'adhésion et la participation de l'ensemble du territoire, autant que de l'ensemble des secteurs de la société, au projet collectif du succès de Montréal.  


Inclusion et égalité des chances


Cette participation la plus large possible au développement de Montréal passe par une attention particulière à l'égalité des chances et à l'inclusion. Faute de connaître une croissance démographique comparable à d'autres grandes villes, Montréal doit accroître le nombre de citoyens qui sont en mesure de contribuer à l'activité économique et d'en profiter. Pour ce faire, il ne faudra pas craindre des approches innovatrices, qui sollicitent à la fois la participation des gouvernements, des milieux communautaire, culturel et du milieu des affaires, bref de tous ceux qui sont touchés directement et indirectement par le défi de la lutte à la pauvreté et à l'exclusion.

La relève et l'éducation


Parce que nous évoluons dans une économie mondiale basée de plus en plus sur le savoir, la relève et la formation représentent désormais des défis incontournables pour Montréal. Malgré cela, il est surprenant de constater que le domaine de l'éducation échappe à l'implication de nombreux intervenants d'importance : pour ce champ d'action, le gouvernement du Québec est pratiquement le seul acteur. Il serait souhaitable de voir d'autres joueurs - à commencer par la Ville de Montréal, la CMM et la communauté des affaires - s'intéresser activement aux questions d'éducation. L'idée n'est évidemment pas de remplacer le ministère de l'Éducation, mais bien d'aller chercher des actions complémentaires. À titre d'exemple, pensons à la promotion internationale des universités montréalaises qui pourrait se faire en conjonction avec celle, plus large, du Montréal métropolitain, ou encore à un accroissement des synergies entre les institutions de formation et le secteur privé.

La qualité du développement


Trop souvent la notion de qualité ne fait pas partie des considérations explicites de projets de développement. Pourtant, la qualité est souvent ce qui en détermine la réussite et la durabilité. Cette recherche de la qualité devrait se retrouver au centre des préoccupations relatives à la réalisation d'un investissement, au même titre que le montage financier ou la faisabilité technique. À cet égard, des grands projets de développement et d'aménagement urbains devraient donner l'exemple et susciter des contributions qui se distinguent par leur qualité et ce, tant de la part du secteur public que du secteur privé. En plus des éléments de design et d'aménagement urbains, la poursuite de la qualité doit impérativement intégrer des considérations quant à la qualité de l'environnement, à l'intégration de l'art au domaine public et aux autres éléments contribuant à la qualité de vie montréalaise.


La «connectivité» à l'international


Montréal doit être branchée sur l'international, tant pour des raisons commerciales  évidentes que pour susciter son propre dépassement. Il n'y a probablement pas meilleure mesure du succès de Montréal comme ville de qualité, comme ville créative ou comme ville de ressources humaines que l'attrait qu'elle présente pour des cerveaux ou des investisseurs étrangers. En plus d'être un excellent baromètre, la «connectivité» à l'international demeure une source intarissable d'inspiration, d'ouverture et d'idées nouvelles que nous avons tout intérêt à cultiver activement en multipliant et en entretenant les liens entre Montréal et les autres agglomérations.


La compétitivité


Le cadre fiscal et réglementaire à l'intérieur duquel évoluent entrepreneurs, investisseurs et travailleurs est aussi, bien évidemment, l'un des champs prioritaires sur lesquels Montréal doit agir. En fait, dans la mesure où tant les travailleurs que les entreprises peuvent maintenant déplacer rapidement leurs activités, la capacité de l'encadrement législatif et des programmes gouvernementaux à permettre et à favoriser l'innovation est plus importante que jamais. Ce champ requiert une attention d'autant plus soutenue en raison du fait que le poids de l'État dans l'économie métropolitaine est plus imposant que partout ailleurs en Amérique du Nord. Il ne s'agit donc pas nécessairement de changer de modèle, mais de s'assurer que celui en vigueur ici soit avantageusement compétitif.


Des suivis


Loin d'apporter réponse à un dilemme de type «l'œuf ou la poule ?», les sept champs d'action qui se dégagent du symposium se complètent les uns les autres et s'intègrent à l'intérieur d'une seule et même priorité : réaliser le plein potentiel de Montréal.


Il s'agit d'un objectif inévitablement ambitieux qui, plus que jamais, fait appel à des actions initiées et réalisées avec créativité, cohérence et cohésion. L'une des façons de s'en assurer est d'exercer un suivi rigoureux qui mettra en évidence les champs pour lesquels les actions tardent à venir. C'est dans ce but que la Chambre s'affaire à développer ses indicateurs de performance. Chaque année, ces indicateurs lui permettront de faire un bilan public du développement de la région métropolitaine. À titre d'exemple, un «Index Montréal branchée sur le monde» permettra de mesurer les multiples facettes des contacts internationaux de la région métropolitaine : exportations, investissements étrangers, liaisons aériennes, compétences linguistiques, capacité à retenir les immigrants, etc.


En bout de ligne, ces indicateurs devront permettre à la Chambre et à ses partenaires de suivre le développement de Montréal autant que de le faire progresser. Nous devons être généreux de nos idées autant que de nos efforts - et exiger de nos décideurs qu'ils fassent de même.


À l'approche de ce que le maire Gérald Tremblay a présenté comme un «Sommet d'action», nous espérons vivement que bon nombre d'actions répondront aux appels lancés plus avant. Montréal est promise à de beaux succès si, sachant tirer profit de la complexité métropolitaine, le maire Tremblay est en mesure de compter, parmi les participants au Sommet, sur autant de collaborateurs désireux d'œuvrer à la qualité de vie des Montréalais et au développement économique de la région.

Cosigné par :
Simon Brault, président  - Culture Montréal
Robert Lacroix, recteur Université de Montréal
Phyllis Lambert, directeur fondateur Centre d'architecture Canadien
David McAusland, vice-président principal Alcan Aluminium
Phil O'Brien, président Devencore
Michèle Thibodeau-DeGuire, présidente-dir. générale Centraide du Grand Montréal

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