Speech - guest speaker:Mr. Jean Charest, leader of the Quebec Liberal PartyMontréal au cœur d'un Québec réinventé qui rejette la médecine à deux vitesses (in French only)


Speech given by Mr. Jean Charest
Leader of the Quebec Liberal Party
(as delivered)

October 8, 2002

Montréal au cœur d'un Québec réinventé qui rejette la médecine à deux vitesses  

Monsieur le président,
Mesdames, Messieurs, de la table d'honneur,
Mesdames, Messieurs, les membres de la Chambre
Chers amis,

Je suis très heureux de me retrouver en votre compagnie aujourd'hui. En vous voyant aussi nombreux, je conclus que les gens d'affaires de Montréal partagent avec la population québécoise un intérêt renouvelé pour la politique.

Tous les Québécois conviennent qu'ils seront placés devant des choix très importants dans les prochains mois… dans 268 jours, si on en croit le calendrier de monsieur Landry.

Le Parti libéral du Québec a fait écho à cette préoccupation en présentant, il y a presque un mois, un plan de gouvernement clair et chiffré. À ce jour, nous demeurons le seul parti au Québec à avoir agi avec une telle transparence envers les Québécois.

Montréal et sa communauté d'affaires seront appelées à jouer un rôle de premier plan dans la réinvention du Québec que le Parti libéral propose aux Québécois. Nous avons une métropole de taille mondiale et elle doit rayonner de tous ses feux.

Et vous me permettrez, Monsieur Labonté, de citer vos propos tenus en mai dernier lors du Symposium Montréal 2017,  et de les faire miens. Car pour nous aussi : 
 «le nom «Montréal» doit se comprendre strictement au sens régional du terme. Pour nous, les concepts d'agglomération urbaine, de ville-région, sont pleinement intégrés. Ils font partie de nos réflexes naturels.»

Notre plan pour le Québec vise à créer un environnement qui favorisera le rayonnement de Montréal et qui invitera les acteurs de la région métropolitaine à exercer leur leadership.

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Il y a dix jours, les militants du Parti libéral du Québec ont adopté notre plan de gouvernement. Dans ce document, nous faisons des choix et nous assumons ces choix.

Notre plan est rigoureux et réaliste. Nos priorités sont claires, nos actions sont concrètes, nos chiffres sont solides. Notre cadre financier a d'ailleurs été corroboré par plusieurs sources indépendantes.

Avec nous, il n'y aura pas de surprise et pas de faux-fuyants. Ce que je dis devant vous aujourd'hui, je le répéterai ailleurs demain, même à Toronto. Et je le mettrai en œuvre à la suite de notre élection.

Notre plan de gouvernement a été bâti sur deux grands axes.

  • Le premier est le recentrage de l'État sur ses missions essentielles, notamment la santé et l'éducation. Cela, afin d'offrir de meilleurs services au meilleur coût possible. C'est " moins de structures, plus de services ".
  • Le second axe, est celui de la prospérité. Nous voulons créer une société prospère où les Québécois créent plus de richesse et où les citoyens en bénéficient.

Un gouvernement du Parti libéral du Québec remettra sur pied notre système de santé, combattra le décrochage scolaire et dynamisera notre économie.

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En santé, le Parti libéral du Québec combattra l'attente sous toutes ses formes : l'attente à l'urgence, les listes d'attente en chirurgie, l'attente pour des soins à domicile, l'attente pour placer un parent en perte d'autonomie en CHSLD. Et nous le ferons dans le respect des principes d'accessibilité et d'universalité.

Voici en particulier ce que nous ferons :

  • Nous allons changer l'organisation du réseau. Il faut rendre le système de santé plus flexible. Nous allons consolider la première ligne pour que les patients soient plus vite référés. Il faut briser la mentalité de silos et mettre le système en réseau.
  • Nous allons réorganiser le travail, notamment en réduisant le nombre d'unités d'accréditation dans les établissements de santé.
  • Nous allons réduire les tâches administratives des médecins et des infirmières pour qu'ils puissent passer plus de temps avec les patients.
  • Nous allons abolir les régies régionales de la santé qui n'ont pas donné les résultats attendus.


Nous allons aussi réinvestir :

  • Nous allons augmenter le nombre de médecins et d'infirmières.
  •  Nous allons ouvrir les salles d'opération fermées faute de budgets.
  • Nous allons mettre sur pied un vrai réseau de soins à domicile et améliorer la qualité des services dans les CHSLD.
  • Nous allons moderniser les équipements.
  • Nous allons soutenir les coûts de croissance du système et injecter de l'argent neuf.


Puis, nous ouvrirons le réseau aux partenariats public-privé. Le privé a un rôle à jouer à l'intérieur du système public. Que ce soit dans l'administration, dans la gestion, dans les services de soutien, mais aussi dans les soins.

Nous allons permettre la création de cliniques privées affiliées au réseau public, où des opérations pourront être faites. Si une chirurgie de la cataracte, par exemple, peut être faite aussi bien et plus rapidement dans une clinique spécialisée, c'est là qu'elle sera faite. Mais le patient ne déboursera pas un sou. Nous répondrons aux besoins des Québécois.

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Considérant ce qui s'est dit au cours des derniers jours, vous ne m'en voudrez pas de profiter de ma présence ici pour répondre à ceux qui proposent un système de santé à deux vitesses.

D'abord un constat s'impose : ceux qui proposent un système à deux vitesses pataugent dans un flou artistique. Ils sont incapables de chiffrer la moindre de leurs propositions. Déjà, il y a de quoi être suspicieux. Je répète que je suis favorable à une participation du secteur privé, mais à l'intérieur du système public.

Là où je suis en total désaccord avec monsieur Dumont, c'est quand il dit ceci, et je vous cite un extrait d'un article du magazine MacLean's du 7 octobre : «Should patients be able to pay to jump queues for medical care ? Sure », répond monsieur Dumont.

En clair, ce que monsieur Dumont propose, c'est un système à l'américaine.

Le temps est venu pour les Québécois d'aiguiser leurs questions et, pour les gens d'affaires notamment, d'aiguiser leurs crayons et de se préparer à compter. Puisqu'on vous propose un système de santé qui se rapprocherait de celui des États-Unis,  puisque aucune évaluation n'a été faite de l'impact que cela aurait sur nos citoyens, sur nos entreprises, j'ai pensé faire œuvre utile en vous fournissant quelques chiffres pour alimenter la discussion.

  • 40 % de toutes les faillites personnelles aux États-Unis sont attribuables aux factures médicales que les personnes ne peuvent payer;
  • Plus de 40 millions d'Américains n'ont aucune assurance médicale, parce qu'ils n'en ont pas les moyens;
  • Le coût d'administration du système américain est au moins deux fois plus élevé que le nôtre; 22 % des dépenses totales vont à l'administration aux États-Unis, contre 11 % chez nous;
  • Les coûts défrayés par les employeurs pour les services de santé sont de 2 à 2,8 fois plus élevés aux États-Unis qu'au Canada;
  • Les primes d'assurance santé assumées par les employeurs américains ont augmenté de 11 % en 2001 et augmenteront de 13 % en 2002;
  • Il en coûte en moyenne 7 000 U$ par année pour offrir une couverture standard à un employé et à sa famille;
  • Les États-Unis consacrent 13,7 % de leur PIB à la santé contre 8,6 % au Canada. Or, nous sommes en meilleure santé que les Américains, notre espérance de vie est plus grande, notre taux de survie à un cancer est meilleur.

Le système parallèle proposé par l'ADQ serait plus coûteux, moins accessible et soignerait moins bien. La médecine à deux vitesses est un leurre.

Je ne suis pas le premier à soutenir ça. Mais parmi ceux qui l'ont dit, il s'en trouve un qui retient mon attention. C'est peut-être parce qu'il est banquier. Voici ce que Charles Baillie, président du conseil et chef de la direction de la Banque Toronto Dominion disait devant la Chambre de commerce de Vancouver, le 15 avril 1999 :

«Le fait d'abandonner notre système de soins de santé subventionné exclusivement par l'État constituerait non seulement une erreur morale, mais aussi une erreur économique, ayant de graves conséquences. (…) Il en coûterait plus aux entreprises, petites et grandes, d'assumer les coûts des prestations ce qui constituerait une augmentation de fait de la charge fiscale. (…) En cette ère de mondialisation nous devons profiter de tout avantage concurrentiel et comparatif dont nous disposons. Et les principes fondamentaux de notre système de soins de santé constituent l'un de ces avantages. »

J'ai parlé à monsieur Baillie hier. Il m'a dit qu'il est aussi convaincu de cela aujourd'hui qu'il l'était en 1999.

Il n'y a aucun avantage, ni pour les riches, ni pour les autres, à cannibaliser notre système public de santé.

Ce qui permet à l'ADQ de soutenir qu'une médecine à l'américaine serait un progrès, c'est l'échec historique du Parti Québécois en matière de santé. L'échec du PQ est tel que les Québécois en sont venus à croire qu'il est impossible d'avoir un système de santé public efficace et performant. Les errances de l'ADQ ont pour assises les erreurs du PQ.

Au Parti libéral du Québec, nous sommes convaincus que notre système public de santé est non seulement un rempart contre l'injustice et l'exclusion, mais qu'il constitue aussi, pour notre économie, un avantage concurrentiel.

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Notre plan de gouvernement fait aussi de l'éducation une de nos cinq grandes priorités d'action. Permettez-moi de vous rappeler nos principales propositions :

Nous lutterons sans relâche contre le décrochage scolaire qui est une sérieuse menace à notre développement économique et social.

  • Nous augmenterons la durée de la semaine de classe au primaire de 23,5 à 25 heures.
  • Nous augmenterons de 20 % le nombre de professionnels, tels des orthopédagogues, pour aider les enfants en difficulté.
  • Nous développerons l'aide aux devoirs à l'école. Cela, pour que nos enfants puissent faire leurs études avec un encadrement pédagogique et aussi pour mieux adapter l'école à la réalité des familles d'aujourd'hui.
  • Nous introduirons l'enseignement de l'anglais dès la première année.
  • Au secondaire et au cégep, nous investirons afin d'augmenter le nombre de diplômés de formations professionnelle et technique.
  • Nous augmenterons par ailleurs les budgets de fonctionnement de nos universités, afin qu'elles puissent, selon leurs besoins propres, embaucher davantage de professeurs permanents ou équiper leurs laboratoires.

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Le projet du Parti libéral du Québec vise la prospérité des Québécois. C'est l'essence de notre action dans le domaine économique. D'abord, nous réduirons les impôts des particuliers d'un milliard de dollars par année pendant 5 ans; une baisse moyenne de 27 % pour les familles québécoises et la classe moyenne. En laissant de l'argent dans les poches des Québécois, nous dynamiserons l'économie.

C'est un choix que nous faisons. Et nous l'assumons en gelant les dépenses de fonctionnement du gouvernement pendant 5 ans, exceptions faites des ministères de la santé et de l'éducation.

Parallèlement à la réduction du fardeau fiscal des particuliers, nous créerons un contexte plus propice à la croissance des investissements.

Dans l'esprit libéral, ce sont les entrepreneurs, comme vous, qui créent de l'emploi et génèrent de la richesse. Nous ferons en sorte que vous puissiez créer davantage d'emplois et générer davantage de richesse.

Nous ferons le grand ménage dans les subventions. En 1999, les subventions accordées par le gouvernement du Québec aux entreprises ont coûté 3 milliards de dollars. C'est 5 fois plus que l'Ontario. C'est 500 millions de dollars de plus que toutes les provinces et territoires réunis .

Pourtant, le Québec ne reçoit que 17,7 %  des investissements privés.

Cette pléthore de subventions coûte extrêmement cher. Il en résulte des iniquités profondes, une fiscalité extrêmement complexe, un État envahissant et un fardeau fiscal trop lourd. L'idéologie chère à monsieur Landry de l'État interventionniste tire à sa fin.

Nous éliminerons donc les subventions inutiles et nous réduirons les taxes qui nuisent à l'investissement, comme la taxe sur le capital. Nous le ferons en privilégiant les PME.

Nous réviserons aussi les lois du travail. Il y a une mise à jour qui s'impose. Nous allons notamment assouplir l'article 45 du code du travail pour faciliter le recours à la sous-traitance.

Nous ferons des partenariats public-privé un principe de notre action. Ces partenariats seront transparents. Les paramètres en seront fixés par une politique cadre que nous adopterons dès la première année de notre premier mandat.

Les principes de cette politique seront ceux-ci : amélioration des services aux citoyens, réduction des coûts, imputabilité, réduction des structures.

Par ailleurs, nous ferons du soutien à l'innovation une priorité. Nous porterons à 3 % du PIB  le soutien à la recherche et au développement, ce qui nous mettra dans le peloton de tête des pays les plus industrialisés.

Le plan du Parti libéral du Québec est de créer un environnement qui permettra à notre économie d'être pleinement concurrentielle.

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Notre plan repose sur une redéfinition du rôle de l'État. Un État qui cesse de se substituer à l'entreprise et à l'initiative individuelle. Un État qui assume les responsabilités qui sont les siennes, notamment en santé et en éducation.

Cet État sera moins lourd. Nous passerons en revue l'ensemble des ministères et organismes publics et nous éliminerons ceux qui ne sont pas nécessaires.

Cet État sera entièrement orienté vers les services aux citoyens. Nous créerons un gouvernement en ligne qui offrira aux citoyens et aux entreprises tous les services possibles par Internet. Ce sera un projet formidable qui modifiera profondément le fonctionnement du gouvernement et la gestion de l'information au sein du gouvernement.

Cet État agira de manière à ce que s'exprime le plus librement possible le génie des Québécois. C'est un État qui donnera plus de liberté à ses citoyens.

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Dans ce nouveau contexte d'un Québec qui grandira de sa propre initiative, le rôle de Montréal sera crucial. Pour nous, Montréal n'est pas en concurrence avec les autres régions du Québec. Montréal est en concurrence avec les métropoles d'Amérique du Nord et du monde. Pour faire face à cette concurrence, Montréal a des atouts formidables.

L'économie de Montréal est une des plus diversifiées en Amérique du Nord. Montréal compte plus de 110 000 emplois dans le domaine des nouvelles technologies. Montréal est le troisième centre mondial en aérospatiale avec plus de 30 000 emplois. Dans les biotechnologies, Montréal représente 40 % de toute l'activité canadienne, avec plus de 300 entreprises et 50 centres de recherche. À Montréal, 30 % des emplois sont dans des industries de haut savoir. Cette proportion place Montréal au premier rang des villes canadiennes .

Mais face à la concurrence des grandes villes du monde, Montréal doit aussi relever des défis importants.  Le maire Tremblay faisait récemment état d'une étude qui plaçait Montréal au 26e rang parmi 26 grandes villes nord-américaines quant au PIB per capita. Montréal n'est pas aussi prospère qu'elle devrait l'être. Montréal n'a pas tous les outils dont elle a besoin pour être aussi prospère que ses rivales. Et nous voulons lui donner ces outils.

Mais le premier outil est dans les mains des Montréalais eux-mêmes. Il faut que Montréal parle d'une voix forte. Il y a une structure pour cela et nous n'en créerons pas d'autres. C'est la CMM.

La Communauté métropolitaine de Montréal doit jouer son rôle. Les leaders de Montréal, dans tous les secteurs, y compris les gens d'affaires, doivent s'impliquer dans la CMM et la CMM doit s'ouvrir à la participation de tous.

Nous offrirons à la CMM des pouvoirs et les ressources qui les accompagnent. Le développement économique et l'aménagement du territoire sont parmi les responsabilités qui échoient à la CMM.

Les décisions sur le développement de Montréal doivent venir de Montréal, pas de Québec. Nous soutiendrons la CMM.  Le parti libéral du Québec a entendu l'appel de Montréal. nous sommes prêts à discuter de l'octroi de nouvelles sources de revenus, incluant un nouveau partage des recettes fiscales.

Le parti libéral a identifié trois priorités pour le développement de Montréal. D'abord, nous voulons renforcer le domaine de la recherche scientifique, incluant la recherche médicale. C'est dans cette perspective que nous abordons favorablement les projets de construction des deux hôpitaux universitaires, celui de McGill et du CHUM. Le PLQ entend aussi faire en sorte que Montréal soit reconnue comme une ville universitaire de premier niveau. Puis, je ne pourrais passer sous silence, l'importance d'accorder une très haute priorité au développement des infrastructures de transport à Montréal.

Il n'est pas normal que Montréal soit une des seules métropoles d'Amérique du Nord à ne pas avoir de voie de contournement. Je veux lever le couvercle qui fait que la croissance de Montréal se fait actuellement à l'étuvée. Je veux que Montréal soit en ébullition. Que Montréal tourne à plein régime.

***

Le Parti libéral du Québec a un projet solide pour le Québec, avec des priorités définies, des objectifs clairs et des actions chiffrées. C'est un plan qui transformera le gouvernement du Québec, qui vit depuis trop longtemps dans des tours d'ivoire, déconnecté d'une société qui a, aujourd'hui plus que jamais, confiance en elle.

Notre plan est sérieux tourné vers le progrès du Québec et de ses citoyens. C'est un plan qui émane du Québec, qui repose sur les valeurs qui ont bâti cette société unique en terre d'Amérique où la justice sociale rencontre une prospérité partagée par tous.

C'est un plan pour les Québécois de partout. Et c'est un plan pour Montréal.

Merci.

 

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