Les grands projets : une question d'attitudeTexte d'opinion signé par Isabelle Hudon

Texte intégral signé par Isabelle Hudon, présidente et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, et publié dans le Voir du 24 janvier 2008.

Les grands projets : une question d'attitude

De Griffintown à la gare Viger, de l'autoroute Bonaventure à la rue Notre-Dame, en passant par Radio-Canada, le campus Outremont, le Vieux-Port, les CHU, le Technopôle Ville-Marie et le Quartier des spectacles, Montréal regorge de projets à réaliser – et plusieurs se demandent, à juste titre, lesquels d'entre eux verront effectivement le jour. Qu'est-ce qui fera la différence ? Bien plus que des éléments économiques et financiers, la clé du succès est d'abord, à mon avis, une question… d'attitude.

Il ne faut pas sous-estimer les efforts requis pour faire preuve d'optimisme et d'enthousiasme. Par opposition, le pessimisme est une attitude confortable : puisque rien ne se fera, à quoi bon faire des changements de son côté ? L'attitude de gagnant, si elle est beaucoup plus stimulante, est aussi passablement dérangeante : elle implique d'oser, d'explorer l'inconnu, de prendre des risques, de faire des sacrifices. Bref, on est loin des lunettes roses; l'attitude de gagnant fait appel à l'effort et à la générosité autant qu'à la rigueur et à la détermination.

Améliorer plutôt que bloquer

Malheureusement, face à un nouveau projet, il est beaucoup plus fréquent d'entendre parler « d'opposition » que de « volonté d'amélioration ». L'expression de points de vue multiples à l'égard d'une proposition de développement est en soi une chose très saine. Mais une fois que les problèmes sont identifiés, ne pourrait-on pas aussi faire l'effort de proposer des solutions ?

L'idée derrière tout cela est simple : il ne s'agit pas d'abandonner tout sens critique. Il faut, oui, identifier tout ce qui ne va pas dans un projet, mais cela, sans jamais remettre en question le désir de le voir se réaliser. Pour demeurer dans l'image des lunettes, celles dont nous avons besoin sont à double foyer : des lunettes qui nous permettront de voir clairement les défis qui sont immédiatement devant nous tout autant que la finalité d'un projet à long terme.

Voilà qui requiert une large dose de confiance en nos moyens et en notre jugement – et c'est là encore une autre dimension importante d'une attitude de gagnant. Car avoir à la fois une attitude positive et un esprit critique n'est pas, en soi, contradictoire. Cela dit, ce n'est pas nécessairement simple non plus ! Cela implique au départ d'abandonner les points de vue tranchés pour aller jouer dans les nuances.

Cultiver l'ouverture

Dans cette optique, il faut créer un climat propice aux échanges où les propositions d'améliorations autant que les doléances peuvent être exprimées et entendues sereinement.

Sur ce point, les personnes responsables de grands projets ont un rôle majeur à jouer pour contribuer à ce climat. Comment ? Tout d'abord, en se montrant à l'écoute des différentes préoccupations exprimées. Cela suppose principalement de faire preuve d'ouverture durant la préparation du projet, notamment en impliquant le plus tôt possible les acteurs locaux concernés. Si des difficultés se présentent en chemin – ce qui est, faut-il insister, parfaitement normal –, les lignes de communication seront déjà existantes. Ça ne garantit pas les solutions, mais ça les rend beaucoup plus accessibles !

Ce genre de climat d'ouverture aurait aussi pour avantage de rendre beaucoup moins angoissantes les procédures régulières d'audiences publiques : les points de vue de chacun devraient être connus du promoteur bien avant d'en arriver au processus formel. Ultimement, cette façon de faire pourrait même les accélérer.

Pour des histoires heureuses

Tout ça n'est pas sans me rappeler l'organisation du récent Rendez-vous novembre 2007 – Montréal, métropole culturelle. C'était un événement complexe, audacieux et ambitieux. Malgré les obstacles – et croyez-moi, ils furent nombreux ! –, les organisateurs ont tous maintenu le cap en se disant : « Ça va marcher ».

Dans un contexte où il fallait mobiliser la participation des artistes comme des gens d'affaires, nous avons pris soin de régler nos différends dans la discrétion. Pas pour faire des « cachettes »; mais parce que la cause du Rendez-vous était trop importante pour que des bruits de conflits viennent en miner la crédibilité – et ultimement réduire sa capacité à mobiliser. Qui, effectivement, a envie de s'associer à une histoire de chicanes ?

Voilà pourquoi, au moment où nous entreprenons la rédaction de l'histoire de plusieurs grands projets à Montréal, il nous faut écrire des récits heureux. Pas naïfs ! Des histoires qui mettent en scène l'ouverture, la collaboration, la rigueur et, inévitablement, une grande part de défis. Mais, par-dessus tout, des histoires dont tous les Montréalais voudront absolument faire partie.

Voilà mon souhait pour 2008.

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