L'immigration : encore et toujours !Texte d'opinion signé par Isabelle Hudon

Texte intégral signé par Isabelle Hudon, présidente et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, et publié dans le Voir du 10 avril 2008. 

L'immigration : encore et toujours !

À l'occasion de ma toute première chronique Antidote, j'avais choisi de traiter de l'enjeu de l'immigration. À peine six mois se sont-ils écoulés depuis la parution de ce texte, que je ressens le besoin d'en parler à nouveau.

Deux statistiques me viennent automatiquement en tête dès que l'on prononce les mots démographie, main-d'œuvre (habituellement précédé de « pénurie »), population et, bien sûr, immigration.

La première, c'est 100 %, comme dans 100 % de la croissance nette de la main-d'œuvre à Montréal sera bientôt attribuable à l'immigration internationale. Autrement dit, quelque part entre 2010 et 2015, nous ne pourrons accroître le nombre de travailleurs dans la région métropolitaine que par l'arrivée d'immigrants.

La deuxième, c'est 80 %, comme dans 80 % des immigrants qu'accueille le Québec s'installent dans la région métropolitaine de Montréal.

À eux seuls ces deux pourcentages démontrent sans équivoque l'importance de l'immigration pour l'avenir de notre économie et la situation unique dans laquelle se retrouve Montréal par rapport au reste du Québec. C'est une situation qui comporte à la fois des avantages indéniables mais également des défis d'intégration d'une ampleur remarquable.

Voilà qui met les choses en perspective. En fait, je crois que le simple bénéfice de répéter pédagogiquement ces statistiques aurait largement justifié cette deuxième chronique sur le sujet – quoique ce ne sera pas nécessaire : la vraie raison de cette chronique est que le gouvernement est en train de bouger dans ce dossier et qu'il bouge dans le bon sens.

Depuis plus de trois ans, la nécessité d'attirer, de former et de retenir chez nous des étudiants étrangers est l'un de mes principaux chevaux de bataille. La Chambre a d'ailleurs publié une étude qui avait fait ressortir que 1) Montréal attire en proportion moins d'immigrants que les autres grandes villes canadiennes, mais que 2) notre métropole se distingue parce qu'elle accueille de nombreux étudiants étrangers, et 3) qu'un un nombre impressionnant d'entre eux – le tiers ! – font le choix de demeurer dans notre ville, une fois leur diplôme obtenu.

Pour comprendre toute la portée de ces faits, il faut savoir qu'au moment de l'étude, aucun effort délibéré n'était déployé pour profiter du passage à Montréal de ces quelque 17 000 jeunes talentueux pour tenter de les convaincre d'y demeurer à long terme. Au contraire, parce qu'ils ne suivaient pas la filière habituelle, ceux qui désiraient « immigrer » à partir d'une université montréalaise étaient assujettis à un processus administratif souvent plus lourd qui les obligeait notamment à sortir du pays pour faire leur demande d'immigration, pour revenir par la suite,  après une période d'attente assez longue pour dissuader même les plus courageux!

Cela vient enfin de changer. Parmi les « Mesures pour renforcer l'action du Québec en matière d'intégration en emploi des immigrants » qu'annonçait Yolande James, ministre de l'Immigration et des Communautés culturelles, on retrouve une disposition qui vise justement à accélérer la transition du statut d'étudiant à celui de résident permanent. Voilà qui contribuera à l'atteinte d'un objectif qui m'est si cher : faire passer de un sur trois, à deux sur trois et même, pourquoi pas, à trois sur trois  la proportion d'étudiants qui demeureront à Montréal après leurs études!

Il n'y a pas que la mesure concernant les étudiants étrangers qui est rafraîchissante dans la stratégie présentée par Madame James. Il est également encourageant de constater que l'on est en train d'arrimer le « discours économique » sur l'immigration – c'est-à-dire, son importance incontournable pour la prospérité du Québec – à la manière dont nous gérons ce programme. En effet, si l'immigration, en plus de répondre à des besoins essentiels humains et sociaux, répond aussi à des besoins économiques, il n'y a rien de plus logique que d'impliquer davantage les forces économiques dans le processus – autrement dit, d'impliquer davantage les entreprises.

Nul n'est mieux placé que le gestionnaire d'une entreprise pour connaître ses besoins en main-d'œuvre. S'il est tout à fait indiqué que le gouvernement appuie et encourage les entreprises à recourir à l'immigration pour combler certains de leurs besoins, il est tout aussi logique d'inviter les entreprises à être présentes dès les premières étapes du processus de sélection des immigrants. C'est ce que propose la Ministre James, notamment à travers un mécanisme de « speed dating » ou de rencontres express entre employeurs et immigrants potentiels.

Au bout du compte, tout le monde y gagne : l'immigrant, qui pourra entreprendre sa démarche d'intégration avec l'assurance d'avoir accès au marché du travail; l'entreprise, qui trouve une solution supplémentaire à ses besoins de main-d'œuvre; le Québec, parce l'immigration est LA voie de la réussite pour notre avenir.

 

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