Santé mentale en milieu de travail : ce que les entreprises peuvent faire

Santé mentale

La pérennité des entreprises repose avant tout sur une main-d’œuvre en santé. Lorsqu’on sait que 35 % des absences au travail sont dues à un problème lié à la santé mentale (cette dernière étant définie comme l’état de bien-être permettant à chacun de reconnaître ses propres capacités, de se réaliser, de surmonter les tensions normales de la vie et d’accomplir un travail productif et fructueux[1]), on comprend qu’il est essentiel pour les organisations d’être sensibilisées à cette problématique. Le 31 janvier dernier, à l’occasion de la Journée Bell Cause pour la cause, un panel de leaders s’est réuni pour en discuter. Voici ce qu’il faut retenir de l’expérience d’Hydro-Québec, de la Banque Nationale et d’iA Groupe financier, ainsi que de l’expertise du Centre de recherche de l'Institut universitaire en santé mentale de Montréal (CR-IUSMM).

Six chiffres marquants

  1. D’ici 2020, la dépression se classera au deuxième rang des principales causes d’incapacité à l’échelle mondiale, juste derrière les maladies cardiaques.
  2. Un demi-million de travailleurs canadiens tombent en absence maladie chaque semaine.
  3. 35 % des absences au travail sont dues à un enjeu de santé mentale.
  4. Seulement 30 % des gens faisant une dépression cherchent de l’aide, en partie en raison de la stigmatisation entourant toujours la maladie mentale.
  5. Parmi les personnes atteintes de problèmes de santé mentale, 50 % feront une rechute à leur retour au travail.
  6. Les troubles de santé mentale coûtent 51 milliards de dollars par année, non seulement en frais médicaux, mais aussi en perte de productivité pour les organisations canadiennes.

 

Les problèmes de santé mentale en milieu de travail ont des coûts financiers, mais également humains. Manque de confiance en soi, perte de productivité, effet domino sur une équipe… Au regard de cette situation, quel est le pouvoir des entreprises pour contribuer à inverser la tendance?

Trois pistes pour agir

Les entreprises, qu’elles soient des start-ups, des PME ou de grandes institutions, ont trois leviers d’action : l’éducation, la prévention et le processus de réintégration des personnes qui étaient en arrêt de travail.

Éduquer

Si la santé mentale au travail est un sujet de moins en moins tabou, il reste encore beaucoup d’éducation à faire. « 50 % des gens n’osent pas en parler », souligne Éric Martel, président-directeur général d’Hydro-Québec. Pourtant, libérer la parole sur le sujet permettrait de détecter rapidement ces troubles et d’agir en amont. Il faut donc fournir de l’information tant aux employés qu’aux gestionnaires.

Connaître et prévenir les facteurs de risque

Marc Corbière, chercheur au CR-IUSMM, pointe les principaux facteurs de risque tels que la disparition de balises délimitant la frontière entre la vie professionnelle et familiale à cause d’un environnement hyper connecté; le manque de contrôle dans la réalisation des tâches; le besoin de reconnaissance; les comportements de harcèlement ou de violence au travail. On pourrait également y ajouter toute situation de conflit avec un supérieur ou un collègue.

Par quel moyen les entreprises peuvent-elles prévenir ces risques?

  • Les gestionnaires ont un rôle important à jouer. Ils doivent être, à ce titre, responsabilisés. Comment? En ayant une gestion de proximité avec leurs équipes, afin de favoriser la communication et les échanges. Pour Hydro-Québec, l’essentiel est d’être sur le plancher. Louis Vachon, président et chef de la direction de la Banque Nationale, rappelle également deux principes de base : d’une part, un patron est un isolant de stress, et non un transmetteur; d’autre part, une bonne culture d’entreprise favorise avant tout la collaboration plutôt que la confrontation.
  • Au-delà de la responsabilisation des gestionnaires, le sondage apparaît comme un outil efficace pour sonder le moral de ses troupes. Le secret est d’avoir des questions précises (ex. : éprouvez-vous un sentiment de difficulté à maîtriser vos tâches?) et une fréquence d’envoi régulière.
  • Enfin, il faut encourager les employés à utiliser les programmes d’aide offerts par leur entreprise. M. Vachon ajoute que dans son organisation, une vigilance spéciale est accordée à toute absence de plus de quatre jours.

Préparer le retour au travail

Comment éviter la rechute? En réunissant plusieurs conditions gagnantes. L’employé doit bénéficier du soutien de son organisation, qui procédera à des aménagements nécessaires pour favoriser un retour en douceur. Il faut également dissiper toute appréhension que pourrait éprouver la personne qui réintègre son poste, notamment quant à ce qu’on attend d’elle. Enfin, on pourrait ajouter que cette situation exige, bien sûr, un suivi de la part de l’organisation, et plus particulièrement du gestionnaire.

Les troubles de santé mentale au travail touchent beaucoup d’entreprises. Or, comme l’a mentionné Éric Martel, la base économique se bâtit sur notre main-d’œuvre. La prospérité d’une organisation passe par des employés en santé. D’où l’importance pour le milieu des affaires de mettre en place des actions de prévention. Cela est d’autant plus nécessaire que la génération Y semble très exposée aux problèmes d’anxiété, comme le souligne Yvon Charest.


[1] Santé mentale, Portail santé mieux-être, Québec.

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