Montréal : un regard externe sur les grands projets

Pylotis

À l’occasion de la 12e édition de son Forum stratégique sur les grands projets, la Chambre a réalisé une entrevue avec Cédric Michel, ingénieur, Thierry Roche, architecte urbaniste, et Sandra Veyret, ingénieur environnement et développeur économique de l’entreprise lyonnaise Pylotis. Pylotis est une entreprise de conseils et d’accompagnement en aménagement du territoire. La compagnie s’est installée en décembre dernier à Montréal. Nous avons voulu savoir pourquoi elle a choisi la métropole québécoise et quel regard elle pose, en tant qu’entreprise étrangère, sur Montréal.

CCMM – Pourquoi avez-vous choisi Montréal pour vous implanter?

Thierry Roche : Nous sommes arrivés au Québec il y a cinq ans pour prendre part à un projet franco-québécois bénévole de reconstruction à la suite de la catastrophe de Lac-Mégantic de 2013, le projet Colibri. Depuis, l’aventure au Québec se poursuit! Notre thème principal est celui de l’accompagnement de la ville résiliente, un thème que nous avons beaucoup travaillé à Lyon. Nous nous penchons sur les questions touchant l’environnement, la mixité et la durabilité – des questions qui se posent aussi à Montréal. Il est intéressant pour nous d’être ici, car, même si nous nous posons les mêmes questions au Québec et en France, nos façons de les aborder sont différentes, complémentaires.

Sandra Veyret : L’idée, c’est de pouvoir disposer d’un regard croisé sur les projets, d’une complémentarité des approches. Travailler en équipe pluridisciplinaire avec des savoir-faire québécois et français de chaque côté de l’Atlantique, c’est-à-dire avec une double culture. C’est pour cela que nous avons des bureaux ici et en France! C’est cet échange d’approches sur les questions de la ville que nous trouvons très intéressant. C’est pourquoi nous avons cette double structure. On ne se limite plus à la parcelle de construction, nous devons avoir une vision plus grande : prendre en compte les notions de mobilité et de flux, mais également de gestion des eaux pluviales, des trames vertes et bleues.

CCMM – C’est une nouvelle réalité, cette prise en compte des trames bleues et vertes par exemple?

Sandra Veyret :L’élément naturel, c’est ce qui constitue la continuité entre le monde urbain et le monde naturel. Puisque ces trames existent naturellement, il faut les préserver! Nous avons une vision d’un aménagement urbain responsable, intégrant les enjeux environnementaux sociaux et permettant une convergence des expertises dans un objectif économique. Nous pensons les lieux comme des lieux de rencontre, des lieux où l’on va réhabiliter, recréer un plaisir de vivre ensemble.

CCMM – Quel regard portez-vous sur Montréal en ce qui concerne les aménagements urbains et les grands projets d’infrastructure? Est-ce que vous trouvez Montréal inspirante?

Thierry Roche : Pour être franc, la première fois que nous sommes arrivés ici, nous n’avons pas été touchés par la qualité architecturale contemporaine. Personnellement, je n’arrivais pas à décrypter le sens qu’il pouvait y avoir dans l’architecture montréalaise. Puis, on a constaté qu’il commençait à se passer quelque chose, une sorte de mouvement! Ce mouvement se concrétise, comme nous avons pu le voir au Forum! Deuxièmement, nous nous apercevons que les jeunes Français viennent à Montréal. Ils rêvent tous de faire une maîtrise ou un stage à Montréal, car la ville est devenue une métropole attrayante. On sent que quelque chose est en train de se passer : une vision se construit, une nouvelle manière de vivre et de travailler, mais surtout de donner du sens aux projets.

CCMM – Pourquoi avoir assisté au Forum stratégique sur les grands projets? Est-ce que c’était la première fois?

Cédric Michel : Oui, c’était la première fois que nous participions au Forum. Nous voulions nous faire une idée de ce qui était en train de se réaliser à Montréal. J’ai constaté que les quatre points principaux sur lesquels nous travaillons depuis quelque temps, soit l’architecture, l’ingénierie, la gestion de l’eau pluviale et les trames vertes, sont des aspects qui ont été abordés tout au long de la matinée. Le pari que nous avons fait en nous installant ici est très compliqué avec les métiers que nous faisons pour ce qui est de l’équivalence des diplômes. De voir aujourd’hui que la vision que nous portons est abordée dans les projets qui se développent à Montréal et de voir la métropole se développer en ce sens me rassure.

CCMM – Quel projet vous a marqué ou le plus inspiré ce matin?

Thierry Roche : J’ai eu un réel coup de cœur pour le projet de Laurence Vincent, coprésidente du Groupe Prével. C’est un projet qui pose vraiment la question du « pourquoi », plutôt que du « comment ». Sa présentation s’inscrivait bien dans le mouvement que l’on sent, dans ce qui est en train de se passer à Montréal.

Sandra Veyret : Le projet « Station F-MR » était aussi très intéressant. Il est question de reconstruire la ville, de recycler, de changer les usages, d’adaptabilité et de convergence de l’univers des arts et des entreprises. On se rend compte que différentes réponses sont possibles. Cela nous interpelle, car nous travaillons aussi sur des concepts d’espaces nomades autonomes.

CCMM – À la lumière des deux projets que vous venez de nommer, nous pouvons constater que les conférenciers les plus jeunes vous ont interpellés. Qu’est-ce que cela vous dit? Qu’est-ce que cela nous envoie comme message?

Thierry Roche : Ce sont les projets qui, je pense, ont le moins de barrières en termes de créativité, d’innovation et d’aménagements. On cherche à voir au-delà de ces barrières, et ça, c’est important!

Sandra Veyret : Et on donne du sens aux projets!

CCMM – Est-ce que le Forum vous a fourni des occasions d’affaires qui pourraient vous aider à vous développer ici à Montréal?

Thierry Roche : C’est un magnifique lieu pour rencontrer des gens et se faire connaître. Le Forum était très bien organisé et d’une grande qualité!

CCMM – Auriez-vous un conseil à donner aux entreprises pour bien démarrer leur entreprise dans un nouveau pays?

Sandra Veyret : Pour notre part, nous ne sommes pas passés par les plateformes classiques d’implantation. À chacun de nos voyages au Québec, nous avons fait des rencontres. C’est ce que ce réseau et ces relations partenariales créaient dans la durée qui nous a permis de nous installer ici.

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